Nous sommes passionnés par nature, et plutôt sauvagement, de ce Jardin minéral qu'est la Forêt de FontaineBleau. Il est un trésor vivant sensible... Notre volonté, à travers les secrets et merveilles de ce territoire unique, classé par l'UNESCO depuis 1998, Réserve de BIOSPHÈRE, est d'inviter à la découverte, à la compréhension et à la protection des espaces naturels. La plateforme 2024 est ouverte : Bienvenue !

mercredi 22 juin 2016

La Préhistoire au Long Rocher


 Sur les traces de l'Homme de Cro-Magnon  



 des Beauregards au Long Rocher ... 


 Exploration souterraine au Long Rocher (attention : Danger)


" Ce que l'on cherche on le trouve, ce que l'on néglige nous échappe "

SOPHOCLE (Écrivain dramaturge grec, auteur de pièces de théâtre)


 Cliquez sur l'image pour agrandir 


 " La Pierre ancienne " du Long Rocher 


Ce deuxième grand site du Paléolithique Supérieur
(40.000 à 9.000 ans avant notre ère (BP)) a été également découvert précocement,
autour de 1870 et toujours dans la partie stampienne sud du massif de FontaineBleau

Artéfacts en grès découverts au Long Rocher  (identification et datation ??)  Coll. Guéguen

 Les Pierres à mystère 

Le grès sombre en forme de gourdin, est allongé
Il est dur et lourd, grès dense grossièrement équarri sur 3 faces
Il est arrondi à son extrémité la plus grosse "tète", sa longueur est ~30 cm
Il était planté verticalement, au 2/3, tète en haut
dans le sol d'une platière, non loin d'une très vieille carrière de grès
...  sans doute une  borne de repérage "

Le grès clair en forme de poignard, est cylindrique et fuselée avec finesse
Il est tendre avec une extrémité pointue et une autre arrondie
Sa longueur est ~18.4 cm
Il gisait enfoui dans le sable sous un surplomb
à coté de l'autre petit et ramassé (vaguement rond)
 ... peut être un " lissoir " ou un " broyeur "


Les énigmatiques peintures et tracés digitaux de l’Abri du Croc-Marin (Été 2015)


La mémoire des temps passés...

Les gisements (ateliers de taille des silex) ont été recensés autour de 1870 en rive gauche du Loing, à la lisière sud-est de la forêt, sur les contreforts stampiens (grès et sables) longs d’environ 5 kms, qui dominent au nord les villages de Bourron-Marlotte, Montigny-sur-Loing et Sorques.

Carte d’état-major (1820–1866)


La Grotte Béatrix 

 Autre mystère (hauteur~50 cm) enseveli au Restant du Long Rocher nord  Coll. Guéguen
Une pierre dressée, " mini-menhir " ou  simple curiosité naturelle ??

Le Croc-Marin 

La trouvaille en 1874, sous les restes de la grotte du Croc-Marin, est attribuée à l’un des grands esprits curieux de l’art préhistorique local, le docteur Charles Durand (1836–1908).
La caverne, ouverte au sud, initialement profonde sur 30 m (constituée de trois chambres), aurait été débitée en pavés par les carriers au cours de la guerre franco-prussienne (1870).
De nombreux collectionneurs y ont été entrepris des fouilles (dont Edmond Doigneau).


L‘abri aurait été occupé du Paléolithique supérieur (40.000 à 9.000 ans BP) à l’époque Gallo-romaine (– 125 ans avant J.C. au Ve siècle après J.C.).
Les vestiges recueillis de manière désordonné (des restes d’animaux : renne et castor, des silex taillés, des scies, crochets, harpons, hameçons, des tessons de poterie et des monnaies des périodes celtique et romaine) seraient dispersé dans des musées et collections privés.

Abri du Croc-Marin (Juin 2015 )

Des tracés digitaux réalisés à l’ocre rouge et jaune (signes géométriques mystérieux, triples ou quadruples accomplis avec un doigt de la main) et 2 figures rougeâtres, peintes de cervidés (fantomatiques à l’œil nu), ont été remarqués tardivement sous la voûte, en 1947.

Signes cabalistiques de l'Abri du Croc-Marin (Juin 2015)

Les ocre naturelles sont des argiles, utilisées comme pigments (colorants) depuis l’aube de l’humanité (à partir du Paléolithique moyen semble t'il..., il y a environ 100 000 ans avant notre ère), lors d’activités rituelles pour se traiter le corps ou pour colorer les peaux d’animaux.

Une Boule de grès ocre trouvée au Restant du Long Rocher  Coll. Guéguen

On les trouve dans le sol, amalgamées à des grains de quartz sous la forme de sables ocreuxLeur teinte naturelle varie du rouge au brun-jaune en fonction de leur teneur en fer oxydé (Hématite, Limonite, Goethite) ou varie à contrario après chauffage.

Les figurations polychromes du Croc-Marin 

Singulières dans le massif de FontaineBleau (3 ou 4 sont recensées), rares au nord de la Loire, elles ont font l’objet de plusieurs relevés et de diverses publications scientifiques. Dès 1949, elles sont présentées à la Société préhistorique françaisePar protection, le 10 janvier 1953, le Auvent est classé au titre des Monuments historiques.


Abri du Croc-Marin (Août 2015)

D’après l’un des " Papes de la Préhistoire ", l’abbé Henri Breuil (1877-1961, pionnier de la recherche en la matière) et selon les hypothèses les plus cohérentes, ces restes de peinture seraient voisins stylistiquement de l’Art pariétal périgordien « de Lascaux. Appellation locale en Dordogne (berceau de l'Art pariétal) du Gravettien, encore aujourd’hui sujet à controverse...

La majestueuse cavalcade de la Salle des Taureaux
(Chefs-d’œuvre emblématiques du Magdaléniens ~18.000 ans BP)
Grotte de Lascaux (Montignac, Vallée de la Vézère)
" La Chapelle Sixtine de la Préhistoire "


Le Gravettien  

27.000 à 20.000 ans avant notre ère (BP) 

Anciennement appelé « Aurignacien supérieur » puis « Périgordien récent », le Gravettien tire son nom de l’abri de la Gravette, découvert en 1880 par l’abbé Chastaing sur la commune de Bayac en Dordogne (vallée de la Couze).

La culture du Gravettien est uniformément répandue dans toute l’Europe depuis -28 000 ans.
L’art sous toutes ses formes se développe, les styles se diversifient.

L’outillage et l’arsenal sont faits principalement de lames en silex très droites, pointes à extrémités acérées et à dos rectilignes (pointes de la Gravette), de pointes pédonculées dont le mode de fixation différent permet l’emmanchement sur le bois et l’os ainsi que de petits burins (ou nucléus) de forme prismatique caractéristique.

L’Art pariétal s’exprime aussi remarquablement. Ce sont les débuts de l’ornementation.
Des sculptures et des gravures représentant le corps de la femme, avec une forte poitrine, un ventre énorme et des hanches généreuses (conventions stylistiques exprimant la fécondité), surnommées « Vénus », ont été découvertes depuis la France jusqu'en Sibérie.

Dans le massif de Fontainebleau… 

Les Gravettiens représentent la première Humanité du Paléolithique supérieur.
Ils sont Homo sapiens (hommes anatomiquement modernes) comme « nous ».
Poursuivre leurs traces, c’est un peu essayer de déchiffrer les premières pages de notre histoire.
Les données archéologiques débutent autour de 25 000 ans (BP) et finissent vers 21 000 ans avant notre ère (BP).

Le niveau culturel Gravettien est le plus souvent mis à jour. La séquence sédimentaire et culturelle autour du Gravettien est la mieux conservée.

Le contexte climatique adouci et local (oscillation de Tursac), interstade compris entre deux phases très froides, est plutôt tempéré et humide.
Une forêt claire et une steppe boisée (des pins sylvestres, quelques aulnes et une chênaie mixte associés à un couvert herbacé fait notamment de fougères, de mousses et lichens) s’est développée.

Dépôt d’écales sous les mousses du Long Rocher



 Les mystères du Croc-Marin... 

En 1981, le spécialiste James Louis Baudet révèle qu'un des cervidés du Croc-Marin, la silhouette diffuse rouge située à droite des digités, l’animal supérieur serait un faux.
Il aurait été exécuté "furtivement" en 1962.


Zoom sur les détails supérieurs - Abri du Croc-Marin (Aout 2015)


A ce jour, la suie (carbone noir) des feux de bivouac (interdits) et le développement végétal (mousses et lichens) semblent rendre impossibles toute attribution culturelle précise... 

Rencontre étonnante avec les Lichens du Long Rocher
(Alliances d’algues microscopiques et de champignons minuscules)

Le Godet du Long Rocher 

Un atelier de débitage ainsi qu’un foyer formé de pierres altérées par la chaleur ont aussi été découverts près d’un petit abri, 600 m plus à l’ouest, par Edmond Doigneau et Charles Durant.


Des lames minces de silex retouchées (se rapprochant de l’industrie Gravettienne des Beauregards) et quelques éclats d’os ont été trouvés et sont conservés dans les Musées de Fontainebleau et Nemours.

Les Chalumelles 

Ce petit gisement inédit, découvertes de plein air hors de la zone stampienne, a été recensé il y a peu, en 1972 sur une parcelle agricole de la plaine sud du territoire de Bourron-Marlotte, lors de prospections de surface (C. Poulard, J. Patin et E. Ducros).

Il a été présenté à la Direction des Antiquités Préhistorique d’Ile de France en 1984.
De nombreux silex taillés à caractère Gravettien et un tesson de poterie attribué au Néolithique ont été récoltés.

La Pente des Brosses 

Cette station Gravettienne a été mise à jour accidentellement par des carriers en 1890, à Montigny-sur-Loing, puis a rapidement été fouillé par les pionniers de l’archéologie locale (en 1891), dont  Ed. Thomas Marancourt, artiste peintre et auteur littéraire.
Situé sur le coteau sud du Mont des Brosses au milieu d’un chaos de blocs, menacé de destruction par des travaux d’aménagement d’une villa, le gisement a fait l’objet en 1973 d’un diagnostic approfondi puis, désigné comme important, de fouilles de sauvetage en 1979, environ un siècle après sa découverte.


Le gisement Gravettien de la Pente des Brosses est une référence régionale.
Il a bénéficié à partir de 1980 de méthodes et techniques nouvelles de recherche et d’analyse.
- datation absolue par le radiocarbone (carbone 14)
spectrométrie de masse avec accélérateur (Université de Cambridge)
- analyse sédimentologique et palynologique

Des silex recouverts d’une épaisse patine blanche et des échantillons de petite taille à minuscules, organiques, carbonés (restes d’animaux, cendres, végétaux et pollens fossiles contenus dans les sédiments) ont été recueillis méthodiquement puis analysés minutieusement.

Deux dates autour de 22.500 ans BP ont été obtenues à partir de fragments osseux de renne.



 L’histoire que nous connaissons est bien peu de choses 
 au regard de l’Histoire de l’Humanité dont l’origine se perd dans le fond des âges... 



 Référence
Le Massif de Fontainebleau au Paléolithique supérieur 
 Les grands sites d'habitat préhistorique, évolution des cultures et des paysages 
 Etudes et Recherches Archéologiques de l'Université de Liège - 2008
ERAUL120

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